Prés

J'arrivai lentement avec mon étalon. Celui-ci, gracieux, aérien et curieux, marchait rapidement. Je pressai le pas, tout en gardant une bonne prise sur la laisse. Je ne voulais pas le laisser filer. Il semblait intrigué, et je l'examinai soigneusement. Ses traits, d'une incroyable finesse, étaient dignes et nobles. Nimporte qui donnerait nimporte quoi pour avoir un cheval comme lui. J'en étais persuadée.

J'ouvris la porte du pré et le laissai libre. Son licol en cuir étincella un bref instant dans la lumière vive du soleil. Le temps s'était considérablement réchauffé, nous étions très bien dehors. En souriant aussi, je m'assis sur la clôture. Je contemplai l'étalon galoper joyeusement dans l'étendue verte, lançant de temps à autre une ruade enjouée. Il hennit puissament et prit un grand galop. Il s'arrêta subitement pour brouter. En riant doucement, je mis ma main en visière pour mieux l'observer. Fouettant les mouches avec sa queue, il pouvait enfin jouir d'un bon moment.

Je restai assise là pendant trente minutes avant de déclarer:

« Bon Rush Out, je vais te laisser ici encore une heure, j'ai des choses à faire. »

Je sortis une carotte et sifflai en son intention. Celui-ci arriva vers moi et saisit, joueur, la gâterie. Mes doigts fourragèrent dans la crinière soyeuse de l'animal. En lui donnant une tape amicale sur l'épaule, je lui dis au revoir et m'en allai dans la maison.

Ce matin, je me dirrigeai vers Rush Out. Il faisait beau, un temps un peu humide par la fine bruine qui était tombée dans la nuit et la rosée du matin. Je sourie gentiement à l'étalon. Finalement, il avait passé toute la journée hier au pré. Il avait eu le temps de se dégourdir, de manger et de se reposer. Aujourd'hui, nous allions travailler plus en profondeur et plus sérieusement; c'était le temps de le voir sous la selle.

J'allai chercher des brosses, sa selle et sa bride. Je posai la selle et le tapis sur la clôture, la sangle sur la selle. j'accrochai la bride sur un des poteaux et pénétrai dans le vaste pré. Je me détendis complètement, et je regardai le fringant animal qui était au loin. Je l'appelai par son nom et il vint vers moi au petit galop, ses foulées longues et gracieuses. Je flattai son porc de tête fin et élégant, avant de le saisir par le licol et l'attacher après un anneau de métal, avec la laisse d'hier. Je pris l'étrille et commençai à le nettoyé. De petites perles d'eau brillaient sur sa robe. Elles s'en allèrent avec l'étrille. Après avoir passé des deux côtés, je pris la brosse dure et nettoyé Rush Out sur l'encolure, le ventre, le dos et les fesses. Son poils devint d'avantage lisse. Finalement, je passai la brosse douce, et le poil devint brillant. Il était rendu une beauté. Je curai ses pieds sans trop d'encombres. Ils s'impatientait par-contre assez vite; il fallut que je demande trois fois le même sabot pour tout bien nettoyer. Je pris le tapis de selle et le posai sur son dos. Excité, il leva bien haut son encolure et lança un petit hennissement strident. Je le flattai et lui donnai un bonbon pour cheval aux pommes. Je posai ensuite la selle et attachai la sangle. Je ne serrai pas trop celle-ci, j'allais l'ajuster lorsque nous serions rendus au carrières. J'enfilai rapidement la bride à Rush Out et nous partîmes sur la route tranquille, dirrection les carrières.